| Par Adèle Surprenant, Journaliste
Dans certaines zones industrielles de Laval, les taux d’achalandage des transports en commun ont dépassé ceux de 2019, selon la Société de transport de Laval (STL). Le transport en commun est-il en voie de remplacer la voiture auprès des employés lavallois ?
« J’adore utiliser les transports en commun ça me permet de continuer à travailler. » - Marie-Eve Bourassa
Pour Marie-Eve Bourassa, présidente et directrice artistique de BLOOM, la réponse est sans équivoque.
« J’ai choisi un bureau à Laval où on est proche des services, et où il y a plusieurs autobus qui s’y rendent. Et puis, c’est à proximité de l’école de ma fille et de la garderie de l’autre », raconte celle qui partage un seul véhicule avec son conjoint. La PDG de l’entreprise de mobilier urbain et d’exposition extérieure s’en sert uniquement lorsqu’elle a du matériel lourd à transporter, « mais sinon, j’adore me déplacer pour mes rendez-vous à Montréal ou à Laval, en autobus et en métro. Ça se fait très bien », affirme-t-elle.
En plus de vanter l’efficacité du réseau, Marie-Eve Bourassa souligne les bénéfices pour sa propre efficacité : « J’adore utiliser les transports en commun [parce que] moi, ça me permet de continuer à travailler. En tant qu’entrepreneur, on est limité dans le temps, donc si je peux faire un appel, répondre à des courriels, etc. [...] Je n’aime pas être prise en voiture, parce que je perds du temps précieux », poursuit-elle.
À grande échelle
L’entrepreneure reconnaît par ailleurs que certains trajets ne sont pas suffisamment desservis, et que des efforts supplémentaires pourraient être faits pour encourager les petites entreprises et leurs employés à se déplacer en autobus et en métro.
En ce qui concerne le secteur industriel, « on voit vraiment l’intérêt des travailleurs à se déplacer en transport en commun », affirme François Valiquette, chef de la planification opérationnelle à la STL. Environ 40% des lignes d’autobus du réseau desservent des pôles industriels, soit 18 lignes sur 46.
Pour que l’élan se poursuive, la STL met en place toutes sortes de stratégies incitatives qui commencent par une récolte de données afin de « mieux comprendre les besoins de mobilité en fonction des secteurs », dit-il. Les horaires et trajets d’autobus peuvent par exemple être adaptés en fonction de la demande. Afin de désenclaver certains quartiers industriels, la STL instaure aussi des services de taxis collectifs.
Incitatifs
François Valiquette admet qu’encourager les employés de grandes entreprises à prioriser les transports en commun demeure un défi de taille, puisqu’ils ont de plus fortes chances d’avoir accès à un stationnement que les plus petites entreprises.
Si la STL n’a pas de campagne visant explicitement cette clientèle, le Réseau de transport de Montréal offre quant à lui l’abonnement OPUS+ entreprise, qui « permet aux employés des entreprises participantes de voyager en transport collectif de façon illimitée dans la grande région métropolitaine de Montréal », incluant Laval, peut-on lire sur le site internet d’Exo.
Le chef de la planification opérationnelle invite par ailleurs les entreprises à considérer mettre en place des initiatives pour diminuer l’utilisation de la voiture. Payer directement leur abonnement aux transports en commun
n’est pas la seule option. À un salarié qui vient au travail sans voiture, l’employeur pourrait lui offrir un incitatif : « Non seulement l’employé ne paie pas le stationnement qu’il aurait payé, mais en plus, il se fait remettre l’équivalent », donne-t-il comme exemple.
En multipliant ce type d’incitatifs et avec les efforts conjoints de la Ville, de la STL, du tissu entrepreneurial et de ses citoyens, le transport en commun pourrait bien continuer à s’imposer dans le paysage lavallois. 🟥
Cet article est tiré du MAG Laval - Volume 13 N.1 - page 10 > Dossier perspectives